CHAMP. D'EUROPE 2015 : Ronan Labar - ''On a pris des uppercuts !''

Publiée par Ivan Cappelli le dimanche 15 février 2015 à 18:45

Ronan

Avec son partenaire Baptiste Carême, Il vient d'effleurer du bout de la raquette la première médaille de l'histoire du badminton français aux championnats d'Europe par équipes mixtes 2015. Hors du court, il s'affirme depuis plus d'un an comme l'une des locomotives du groupe tricolore. De par sa qualité de leader humain et sportif, difficile de passer à côté de Ronan Labar lorsque l'on évoque l'équipe de France de badminton. Aller à la rencontre du joueur de l'Aix Université Club apparaissait donc comme une évidence, 48 heures après la fin du parcours des bleus à Louvain dans une ambiance délétère.

"On fait aujourd'hui partie des nations qui comptent"

De retour en France depuis hier, le double champion de France en titre profite de ce week-end pour recharger les batteries. Digérer autant la défaite terrible de son équipe face à l'Allemagne (3-2) que les différends ayant opposé ses partenaires à leurs dirigeants.

Difficile dès lors de voir le verre à moitié plein, si peu de temps après la conclusion du parcours français à Louvain : "On tire un bilan très contrasté de ce tournoi. C'est un sentiment de déception qui domine. On passe à 2 doigts d'un résultat historique avec la première médaille par équipes du bad français ! Pourtant, il y a quand même beaucoup de positif à retirer de cette compétition. Pour la première fois, on bat une tête de série en dominant la Russie. Ça montre qu'on fait aujourd'hui partie des nations qui comptent sur l'échiquier européen. Derrière, Russes et Allemands vont chercher la médaille alors qu'ils terminent seconds de leurs poules. Est-ce qu'on paie un manque d'expérience ? Pour le moment, c'est encore assez dur d'être objectif sur le résultat."

Sur le plan personnel, le Provençal ne se cache pas : "J'ai beaucoup de regrets sur le double hommes face à l'Allemagne. On savait objectivement que c'était notre plus grande chance de prendre un 3ème point. Passer deux fois à deux points de la médaille, c'est dur à avaler."

Pas de quoi l'empêcher de - déjà - se projeter sur les futures échéances :"Il ne faut pas oublier que le groupe est très jeune. Aucun joueur de l'équipe de France n'a plus de 30 ans. Quand on connaît la longévité d'un badiste international ... Objectivement, on aura encore de plus grandes chances de médaille l'année prochaine sur les phases européennes de la Thomas Cup, et d'encore plus grandes dans 2 ans sur la prochaine édition des championnats d'Europe par équipes. Plus ce groupe progressera, plus les chances de médailles seront importantes."

Ronan

"Comme si on retirait Zidane avant la finale de la coupe du monde !"

Lorsque l'on évoque le climat houleux autour de l'équipe de France cette semaine, il résume ces derniers jours ainsi : "Samedi dernier, on a pris la décision de partir à Louvain et d'aller chercher la médaille. On voulait mettre notre conflit avec la fédération de côté, faire le job et aller sur la compétition pour tout donner. Mais derrière, on a pris des uppercuts qui nous ont fait vaciller toute la semaine. Ça n'a pas facilité la performance.

Il y a d'abord eu l'éviction de nos entraîneurs 30 minutes avant le départ. Ça nous a tous remis en question. On a décidé d'y aller malgré tout, car le plus beau message aurait été d'aller chercher la médaille pour nos entraîneurs et tout le badminton français. On prend un 2ème coup avec l'éviction de Brice. D'un côté, on cogite, mais tout se passe si vite qu'on a pas le temps de réfléchir car l'échéance arrive immédiatement. On se sent perdus !"


Il revient ensuite sur la réaction des joueurs à l'annonce de l'exclusion de Brice Leverdez : "Ça a été très dur. Les deux premières heures, il y a eu débat entre nous. Fallait-il jouer ou pas ? Personne ne s'attendait à ça. On s'est demandés si il (Philippe Limouzin, ndlr) voulait vraiment qu'on gagne la médaille. Lorsqu'on lui a posé la question, il nous a affirmé que lui aussi voulait la médaille, et que l'éviction de Brice ne devait pas jouer sur notre motivation. Mais pour nous, c'était comme si on retirait Zidane de l'équipe de France de Football à 4 heures de la finale de la coupe du monde 1998 ! On l'a vécu comme ça. Brice est un leader qui offre beaucoup de sérénité au sein de l'équipe. On sait que c'est un joueur sur lequel on peut compter. On a pris un gros coup au moral."

La présence de Brice Leverdez aurait-elle changé la donne ? Sur ce point, il affirme "ne pas pouvoir répondre à ça. Lucas comme Sashina ont été exemplaires. C'était très dur pour lui de remplacer Brice au pied levé, alors qu'il n'avait pas joué de la semaine. Il a pris un point qui comptait énormément. D'un point de vue comptable, l'éviction de Brice n'a pas été néfaste à l'équipe. Mais on a perdu de l'influx avec tous ces temps de réflexion, ces questionnements. On ne se cache pas derrière ça car on a tout donné, mais certainement pas dans des conditions optimales."

Sur son geste de brandir le maillot de Brice lors de la présentation des équipes, il décrit le raisonnement de tout un groupe solidaire : "On a essayé de réfléchir entre joueurs sur la meilleure manière de manifester notre désaccord. Prendre le maillot de Brice pendant la présentation des équipes, c'était montrer que malgré tout, il faisait partie à 100% du groupe et qu'il était avec nous. C'était un beau message à adresser aux autres nations, et à tous ceux qui nous suivent vu que la rencontre était filmée."

Ronan

"Nous n'avons aucune nouvelle"

Depuis un an, il ne peut plus se cacher : par ses résultats comme par sa position centrale dans la vie de groupe, Ronan Labar fait partie des leaders de l'équipe de France. Un rôle qu'il prend à la fois à coeur, mais avec beaucoup de sérénité. "Depuis les qualifications en Novembre, j'avais été nommé capitaine de l'équipe par les autres joueurs. C'est un statut que j'ai gardé sur ces phases finales. Au sein du groupe, Brice et moi prenons la parole entre les matchs, discutons avec leurs joueurs de leur ressenti."

A-t-il ressenti une pression supplémentaire lors de l'annonce de l'exclusion du numéro 1 français ? "Perdre Brice n'a pas renforcé ce rôle. Mais j'ai pris sur moi pour passer outre le plus vite possible pour remobiliser les troupes. Brice aussi a joué un grand rôle sur ce point. Il nous a dit "Il faut que vous alliez la chercher sans moi". On a une chance dans ce groupe, c'est d'être une bande de potes. Tout le monde se dit les choses."

Son retrait du double mixte face à l'Allemagne avec Emilie Lefel ? Une surprise, mais pas une vexation pour l'Aixois : "On n'a pas eu d'explication au moment de l'annonce de la composition. Nous l'avons su après l'info de l'éviction de Brice, donc je n'ai même pas voulu savoir pourquoi. J'étais encore sous le choc. Émilie comme moi avons été très déçus de ne pas jouer ce match, mais s'il faut chercher des raisons, je dirais que le DTN a voulu que nous soyons tous les deux plus concentrés sur nos deux autres matchs car le mixte était compliqué à aller chercher.

A posteriori, je regrette de ne pas avoir demandé d'explication, mais je n'en étais pas capable sur le coup. Nous étions tous abattus, et tous ce que nous voulions c'était sortir de cette chambre d'hôtel !"


La suite des événements ? Comme Brice Leverdez, elle semble lui paraître tout aussi floue : "Officiellement, nous n'avons aucune nouvelle. Nous, les joueurs, allons aller à l'entraînement Lundi comme d'habitude ... et ce sera la surprise ! Toute la semaine, on a reçu des messages de soutien de Bertrand et Sveti (Svetoslav Stoyanov, ndlr) au fur et à mesure de nos matchs. Nous avons fait le choix de nous couper de tout ça.

On a réagi Lundi à chaud car nous étions stupéfaits pour la décision de mettre à pied nos entraîneurs. Le soir, on en a parlé et on s'est dit : "On arrête tout ça, et on se concentre sur la compétition". Sur le plan sportif, on y est plutôt parvenus. Mais l'état d'esprit général aujourd'hui, c'est qu'il nous est impossible de continuer un projet de haut-niveau sans ces deux entraîneurs qui sont là depuis 2 ans et qui nous ont fait progresser. Et qu'il est inimaginable de se passer de Brice au sein du groupe France."


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  • Laolong
    Le 15/02/2015 à 19h24 (0)
    Ah la la la la la !!! Que c'est triste de voir ça... Mais que c'est triste...

    C'est vrai que le double Homme était le point à prendre car même si on considère que Ronan et Emilie aurait pu ou du jouer se match, en face, c'est très compliqué de les taper...

    Lucas après un début de match emprunté, certainement lié l'émotion d'une part et peut être par une entrée dans la compétition qui n'est jamais évidente à appréhender, alors après des événements comme ceux qui se sont passé c'est dur dur d'être dans ton match tout de suite. Heureusement, après le passage à 11, il a fait un match plein, plus agressif, plus de profondeur, certainement les jambes et le bras qui lui manqué au début car il subissait beaucoup non pas parce que l'adversaire était plus fort mais parce qu'il était tout simplement pas là, il relevé tout et prenait aucune initiative dans les échanges. Sashina que dire, elle a fait le boulot et de quelle manière, elle avait l'avantage psychologique pour elle de n'avoir jamais perdue contre son adversaire mais ce ne fût pas facile pour autant alors chapeau bas mademoiselle. Le double Homme, AH la la la, quel match, hélas, à partir du 14 éme point du 3éme set, on a senti que les Allemands défendaient de mieux en mieux et qu'il y avait un peu moins de réussite du côté de nos Français, peut être commenciez vous à être fatigué des efforts qu'ils vous imposez car il y a quelques fautes qui pouvaient le laissé penser mais malgré tout jusqu'au bout ils y sont allés nos bleus. Le double Dame, bon bah dur dur, victoire Allemande logique pour moi.. Le mixte, beau match mais comme dit plus haut, c'est très fort en face, c'est stable dans les résultats en général, ils se connaissent par coeur et sont donc très régulier dans leurs matchs...

    Ah la la la la, que c'est regrettable sportivement, il y a rien a se reprocher mais par contre sur tout les à côtés, la gestion des conflits qui pouvaient existé avant la direction fédérale aurait mieux fait de s'abstenir de montrer tous cela, son arrogance a privé la France d'une dynamique pour aller plus haut encore....

    Bon en demie finale c'était Danemark et j'avoue qu'ils étaient tellement impressionnant que je suis pas sûr qu'on aurait assisté à une rencontre se finissant sur un 3/1 ou 3/2... Par contre, oui la France y est dans les nations qui comptent en Europe.. vous êtes la 5éme nation sur cette édition...
  • LYD-DK
    Le 16/02/2015 à 13h30 (0)
    Et si le denmark devait gagné dans tout les cas ce week end?
    En plus avec ce qui leurs ais arriver,quand on est dans les sommets de l'etat on sait quand ce genre de chose va arriver.